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Famille


Mon frère, cet homme de ma vie.

Cette nuit j'ai rêvé que j'étais avec mon ex, qui dans mon rêve était toujours mon copain, et nous allions à la plage. Mais lui n'avait pas très envie d'y aller, et alors que nous nous dirigions vers la plage, il a disparu dans la foule, me laissant seule pour le reste de l'après-midi. Ensuite j'étais à une soirée, et je disais à une fille que mon copain ne viendrait peut-être pas car on était fâchés suite à ce qui s'était passé dans l'après-midi. C'est alors que je me retourne et vois mon frère arriver. Je me dirige vers lui et l'accuse de m'avoir laissée aller à la plage seule.

Dans mon rêve je vois bien que c'est mon frère et non mon "copain" qui se tient devant moi, je suis consciente que ce n'est pas lui le coupable, et pourtant je lui fais le reproche à lui, en étant convaincue que c'est de sa faute. 

 

A mon réveil j'ai réalisé que depuis aussi loin que je me souvienne, à chaque fois que j'ai rêvé qu'un homme (sensé être mon copain dans mon rêve) me faisait quelque chose de mal, il se transformait systématiquement en mon frère dès lors que le rêve arrivait au moment de la trahison, de la peine, ou de la douleur. C'est une chose que je ne me suis jamais expliquée. Pourquoi quand dans mon rêve quelqu'un me déçoit, me blesse, ou me trahit, je me le représente par l'image de mon frère ? Alors qu'il garde le même rôle que celui de la personne qui était initialement dans mon rêve, ce n'est que sa représentation physique qui change, et je vois que c'est mon frère, mais je le considère toujours comme la personne qu'il est sensé représenter. 

Serait-ce que j'associe inconsciemment mes souffrances à mon frère ? Serait-ce que mon inconscient veut faire revenir à ma mémoire des souffrances que mon frère m'a faites endurer durant mon enfance ? Serait-ce pour me faire comprendre que si je laisse un homme me faire du mal, c'est parce que j'ai laissé mon frère me faire du mal quand j'étais petite, et que bien que j'ai toujours fini par me rebeller en tant qu'adulte contre ceux qui m'ont fait du mal, je ne l'ai jamais fait étant petite quand mon frère me faisait du mal ? Serait-ce que je ressens le besoin de pardonner à mon frère pour le mal qu'il m'a fait ? Je n'ai pourtant aucun ressentiment à son égard. En tout cas pas consciemment. 

 

Quand nous étions petits, mon frère s'énervait facilement. Et si son énervement était plus ou moins lié à moi, il se défoulait alors sur moi, à coups de poings dans mes épaules, principalement. Mais il y a eu aussi d'autres actes plus violents et plus effrayants pour moi, comme le jour où il m'a étranglée et que j'ai cru que j'allais mourir. Ou le jour où il a plaqué ma tête sur mon bureau et qu'il s'est appuyé de tout son poids sur mon crâne ... j'ai vraiment eu peur qu'il ne me le fracture. Pour lui c'était le seul moyen qu'il avait d'exprimer sa colère. Pour moi c'était devenu presque normal. Je ne me suis rebellée qu'une seule et unique fois, en lui mettant mon poing dans la figure, mais il m'a ensuite asséné une salve de coups de poing dans l'épaule qui m'ont fait regretter mon geste. Avant ça, et par la suite, je ne réagissais pas. Je serrais les dents et endurais la douleur en attendant que ça s'arrête. Il me disait que c'était de ma faute, que je l'avais cherché, et je le croyais. Mais même lorsque j'essayais de ne pas être "chiante" comme il disait, il suffisait qu'il s'énerve pour que ses poings s'abattent sur mes épaules. Un jour alors que nous jouions maladroitement, je lui ai accidentellement fait mal, et il m'a battu en retour. Je ne l'avais pourtant pas mérité. Mais je l'ai laissé faire, sûrement par habitude. 

 

Par la suite il est parti en internat au lycée et moi aussi mais dans un autre établissement, donc on ne se voyait plus beaucoup. Et lorsqu'on se voyait, c'était à l'occasion d'un weekend chez nos parents, quand il n'était pas chez ses copains, et que je n'étais pas chez mon petit copain de l'époque. On se voyait en coup de vent et on passait très peu de temps ensemble. On ne jouait plus, on ne se disputait plus. Mais on ne parlait pas non plus. Nous étions presque devenus étrangers l'un pour l'autre. Il a fallu que l'on atteigne l'âge adulte pour que l'on recommence à avoir des rapports fraternels, qu'on discute, et même qu'on rie ensemble. Je me souviens que mon frère devenu adulte, un jour qu'il avait un peu trop bu, a enroulé son bras autour de mes épaules et m'a dit "je t'aime petite sœur". Ce jour-là j'avais eu envie de pleurer. Lui qui avait passé des années à dire que j'étais "chiante", à me taper, à me crier dessus, à refuser de m'embrasser même pour me souhaiter un joyeux anniversaire, lui qui avait ensuite soudain disparu de ma vie et avec qui je n'avais plus vraiment de lien, venait dans un instant de faiblesse de m'avouer la profondeur de ses sentiments fraternels. Ce jour là je n'ai pas réussi à lui en dire autant. Et je crois que je ne l'ai en fait jamais fait. 

 

Je crois que mon inconscient veut que je parle à mon frère, que je lui exprime tout ce que j'ai ressenti étant enfant (la douleur, la peur), puis ce que j'ai ressenti à l'adolescence (son absence), et que je lui dise que je ne lui en veux pas, et que je l'aime. 


24/11/2015
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